mercredi 24 février 2016

De Mystic Quest à Adventures of Mana

source:Gamernine

Adventures of Mana, un remake du tout premier Seiken Densetsu vient de sortir sur Playstation Vita et sur mobile (Apple et Android). Pas de version française sur smartphone, le jeu est en anglais., Pire, sur la portable de Sony le jeu est que en japonais, cependant Square Enix va peut-être faire une version pour le public occidental.
Du coup même si je n'ai pas joué à Adventures of Mana sa sortie me donne envie de parler du jeu d’origine et de son autre remake mais je vous demande pardon d’avance car ça risque d’être un peu décousu.

Maintenant il est temps de parler du jeu de base, pour ça, je vais ressortir une critique que j’ai faite il y a quelques années :



Attention ceci est une critique non objective : Mystic Quest est un jeu que j’ai fait au moins 7 ou 8 fois durant mes jeunes années. Il faut déjà savoir que le jeu a eu plusieurs noms, au Japon, le jeu est sorti en 1991, il s’agit du premier épisode de la série des Seiken Densetsu, c’est pour ça qu’on pourra y trouver les prémices de cet univers propre à la saga comme un bestiaire de monstres commun et bien sûr l’arbre Mana.
Le titre exact de l’épisode est Seiken Densetsu : Final Fantasy Gaiden. Il s’agit alors d’utiliser le nom des Seiken qui avait été déposé quelques années auparavant par Square tout en utilisant la renommée de leur série phare qui est Final Fantasy.
Aux États-Unis, le jeu est sorti en 1991 sous le nom de Final Fantasy Adventure.
En 1993, le jeu est arrivé en France sous le nom de Mystic Quest, mais attention !
Un autre jeu du même éditeur est sorti en 1994 sur Super-Nintendo dans notre pays, il s’agit de Mystic-Quest-Legend. Ce dernier, un jeu assez moyen en tout, était censé initier le public occidental au RPG japonais.


Pour en revenir à notre tout premier Seiken, le scénario nous propose de suivre les aventures d’un jeune gladiateur, forcé de combattre des monstres jour après jour pour le bon plaisir du Roi noir et de ses sujets de l’empire de Glaive. Après une évasion mouvementée, le héros va rencontrer une fille (que vous pouvez renommer). Celui-ci va alors décider de la protéger, car elle est justement pourchassée par ledit Roi noir ainsi que par son machiavélique bras droit : le sorcier Julius.


Source: Gamerzone

Graphiquement le jeu est dans la moyenne des jeux Game Boy voire peut-être un peu en dessous. Il y a un effort sur la variété des environnements (forêt, montagne, désert, marais...), c’est lisible mais pas très détaillé et les décors ont une fâcheuse tendance à se ressembler. Il est ainsi facile de se perdre dans un donjon car les différentes pièces se ressemblent toutes.
La bonne surprise vient de la musique, la bande-son, de Kenji Ito, est magique, en grande partie héroïque ou mélancolique, elle contribue à donner une atmosphère unique au jeu.


En matière de gameplay, il s’agit d’un action RPG, les combats se font en temps réel, à la différence donc d’un Final Fantasy.
Le héros dispose au début du jeu d’une épée mais d’autres armes sont déblocables, comme le fouet, la lance, la hache ou encore le fléau.
Toutes sont plus ou moins efficaces contre certains types d’ennemis. Certaines armes permettent aussi de passer des obstacles comme la hache qui permet de couper les arbres ou le fouet qui permet de franchir certains précipices.
Enfin il faut noter la possibilité d’utiliser la magie, mais les sorts d’attaque ne sont pas super utiles, consommant au mieux beaucoup trop de Points de magie pour un résultat qui n’en vaut pas forcement le coup. Les sorts de soins par contre sont bien plus utiles et personnellement c’est toujours leur utilisation que j’ai privilégiée.
Un système de jeu simple et efficace, le seul bémol étant qu’à l’exception des boss, les ennemis n’ont pas de pattern et il est facile de se faire avoir.

Selon les besoins de l’histoire, le héros est accompagné de différents personnages, jamais plus d’un à la fois. En passant par le menu du jeu, on peut accéder à l’option « aide ». Grâce à cette dernière, chacun des accompagnants de notre héroïque gladiateur pourra l’aider à sa manière, par exemple en le soignant, en lui vendant des objets ou encore en lui donnant des conseils...

Ce qui m’a fasciné dans ce jeu, ce sont les deux points suivants :

- Le premier est la sensation de partir à l’aventure chichement armé de son bouclier et de son épée, une sensation que seuls les jeux d’aventures de l’époque ont su me donner

- Le second c’est le récit, bien que basique. J’ai été plongé dedans et je voulais vraiment connaître la suite. L’ambiance reste très mélancolique et d’ailleurs une très grande partie des rebondissements du jeu sont associés à des événements tragiques que vivent les protagonistes de l’histoire. Une ambiance souvent un peu sombre et triste qui permet de ressentir une certaine empathie pour les personnages du jeu.

Le jeu a mal vieilli mais il reste digne d’intérêt, de plus il s’agit du premier volet de la saga des Seiken Densetsu, il a donc une valeur historique.
 Étant donné que je ne suis pas objectif sur ce jeu qui fait carrément partie du patrimoine de mon enfance, je n’ose pas le recommander.

Je vais quand même me permettre une petite triche et conseiller à ceux qui ne connaissent pas Mystic Quest de tenter l’expérience.

Voilà, ça résume mon avis sur le jeu d’origine mais il faut savoir que 2003 a vu la naissance sur Game Boy Advance d’un remake : Sword of Mana.

Source: Emuparadise

A l’époque il s’agissait d’un jeu prometteur et graphiquement le jeu est vraiment beau, avec une 2D pleine de couleurs et une patte graphique qui fait penser aux autres jeux de la saga sortis sur Super Famicom. Pour le gameplay et la structure du jeu, le jeu est là aussi très proche des versions sorties sur la 16-bit de Nintendo.
Au niveau musique, le jeu reprend les superbes mélodies de la version Game Boy, et c’est juste sublime, on alterne entre musiques héroïques qui donnent la pêche et d’autres qui font parfaitement ressortir l’intensité dramatique du scénario.

Source: Wikipedia

Ce dernier n’est pas plus joyeux que dans la version d’origine. L’histoire a été un peu complexifiée avec des dialogues en plus mais aussi une volonté assumée (et bienvenue) de développer l’univers du jeu. L’ambiance est toujours à la mélancolie et nos héros vont vivre une aventure riche en émotions.

Car dans Sword of Mana on peut bien sûr jouer le même héros que dans le premier Seiken mais également une héroïne.
Elle était présente aussi dans la version monochrome mais elle n’était pas jouable. Dans le remake de 2003, elle passe du statut de soigneuse en détresse à celui de vraie héroïne et ça, ben c’est bien !

Ça pourrait n’être que du positif sauf que, finir les deux scénarios m’a demandé moins de 11 heures de jeu, et en prenant sacrément mon temps!
Le jeu est très court et sans aucune difficulté, c’est simple, je ne suis jamais mort !
A l’époque j’ai acheté le jeu au prix fort et je l’ai eu en travers de la gorge,

Finalement le jeu est juste une belle balade vendue trop cher pour ce qu’elle propose. Par contre, de nos jours, si vous trouvez le jeu en occasion, il peut vous occuper de manière efficace l’espace de quelques heures.
Sword of Mana est donc finalement assez anecdotique mais il a au moins permis la sortie d’une OST qui est d’une très grande qualité.


Pour en revenir à Adventures of Mana, je n’ai donc pas joué à cette nouvelle version parce que 13,99 euros quand même !
Peut-être que je craquerai si le jeu est à moitié prix... Mais d’après les photos et les vidéos que j’ai vues, j’ai quand même remarqué quelques petites choses :

-Déjà, le jeu ressemble davantage à la version d’origine, ça semble presque être un copier-coller avec une progression écran par écran comme pour la version monochrome. C’est un bon point car le remake GBA avait changé dans sa structure même, en soi, c’était une bonne initiative sauf que les divers environnements étaient devenus vachement plus petits.

-Ensuite je constate que la jeune fille qui, en 2003, était devenue un personnage jouable (et donc capable de combattre) est redevenue une potiche jeune fille à protéger.

Techniquement il s’agit d’un jeu en 3D avec une représentation 2D,
c’est probablement la vraie force de Adventures of Mana : ressortir sur les supports mobiles une forme de gameplay à l’ancienne. Cela se ressent aussi dans les musiques et les bruitages qui sont très proches du jeu original.





Enfin voilà, je ne peux donc pas parler davantage de ce dernier jeu de la série des Mana, je ne peux pas dire s’il est long ou si son gameplay est bon, par contre il semble vraiment vouloir être le remake du titre Game Boy de 1993.
Ce dont je suis sûr, c’est que si vous êtes prêts à y mettre le prix, vous pourrez profiter d’un jeu à l’ancienne avec - et je sais que je me répète - une ambiance prenante, certes mélancolique, mais prenante !

PS: pour le plaisir j'ai scanné des pages de la notice ainssi  que la carte de Mystic Quest.






Et pour finir la place de choix de la boite du jeu dans ma collection :


mardi 9 février 2016

Basara


Basara se déroule au Japon dans un futur indéterminé. Dans ce futur, un cataclysme de nature toute autant inconnue semble avoir fait régresser la civilisation humaine.
 Ainsi, si les Européens sont revenus à un niveau technologique équivalent a celui du 19ème siècle, le Japon lui, est revenu à un système féodal et est gouverné par une famille royale. Cette dernière est composée du roi d'or, qui gouverne la capitale et est secondé par quatre rois (appelés « princes » dans la capitale afin de rappeler leurs rang vis-à-vis de leur père) : Le roi Bleu, le roi Noir, le roi Blanc et le roi Rouge. A eux cinq, ils dirigent d'une main de fer quasiment l'ensemble du Japon.

Mais dans le village de Byakko qui se trouve sous l'autorité du très jeune roi rouge naissent deux jumeaux : Tatara et sa sœur Sarasa. D'après une légende, Tatara est l'élu qui libérera le peuple japonais du joug de la famille royale. Plusieurs années passent et le roi rouge ayant finalement eu vent de cette légende enverra ses troupes sur le village et fera éliminer Tatara. Afin d'organiser la défense des villageois et pouvoir venger son frère, Sarasa prendra l'identité de ce dernier et mènera la révolte. Peu de temps après cette contre-attaque, dans une source d'eau chaude isolé, Sarasa fera la rencontre d'un certain Shuri et les deux jeunes gens seront bien vite attirés l'un par l'autre. Mais si Shuri ignore que Sarasa se fait passer pour Tatara, elle en revanche ignore que ce jeune homme est en réalité nul autre que le roi rouge !

Basara est un manga dans lequel j'ai eu un peu de mal à me plonger, les dessins très typés shojo ne m'ont pourtant pas trop gêné pour une fois... Mais de nombreux détails dans le déroulement de l'histoire m'ont chagriné : sans être un féru de réalisme, Basara est rempli de détails qui gênent, comme des stratégies militaire peu crédibles (« bonjour je voudrai mille taureaux et c'est pour ce soir... ») ou bien encore des dirigeants d'armées qui se déplace sans aucune escorte au gré de leurs envies.
Cela peut paraître des détails futiles mais pour moi, cela a rendu l'immersion dans le récit très difficile. La question du temps et de la distance laisse également à désirer, le Japon semble se traverser bien vite et nos deux héros (Sarasa et Shuri) ne cessent de s'y croiser par pur hasard. Bref, le déroulement de l'aventure est par moment assez bancal, surtout dans les premiers volumes. Même si cela s'arrange grandement à partir d'une dizaine de tomes, il reste toujours drôle d'imaginer l'auteur toute fière de penser à faire faire une chose évidente comme ramasser les flèches ennemies par les héros après une bataille.

Heureusement, si la gestion des événements les plus terre-à-terre laisse souvent à désirer, il n'en est rien de l'intrigue. Dans Basara, les intrigues politiques ont un petit quelque chose d'épique. Elles sont le moyen par lequel les destins se font et se défont : amour, amitié, fraternité, loyauté, tous ces sentiments sont intimement liés aux événements qui secouent le Japon de Basara. Ainsi, des querelles entre frères prennent un sens bien particulier quand ces derniers font partie d'une famille royale, de même que défendre sa région prend tout sont sens quand il s'agit en vérité de défendre ceux que l'on aime.
Et si l'épanouissement d'une relation amoureuse ne peut passer que par la fin d'un conflit, alors on comprend mieux ce qui fait le charme de ce manga. Basara se trouve encore en occasion. Je vous recommande vivement de tenter cette série, même s'il vous faudra peut-être quelques volumes pour bien rentrer dans l'histoire.

vendredi 22 janvier 2016

Star Wars: Le Réveil de la Force

Enfin, j’ai vu Star Wars épisode 7 !
Je ne suis pas un fan de la saga dans le sens où je ne suis pas incollable sur le sujet, je n’ai pas guetté la moindre info sur le Réveil de la Force, j’ai simplement attendu le moment où j’irais enfin voir le film.
Car si je ne suis pas un fan hardcore de la saga, j’aime quand même énormément Star Wars, les épisodes 4, 5 et 6 sont des pierres angulaires de mon imaginaire, et rien que les premières notes du thème principal de la saga me donnent des frissons de plaisir.

Et avec le Réveil de la Force, ça n’a pas loupé, la mise en place du contexte de cette nouvelle aventure avec le texte qui défile m’a fait son petit effet direct.
Les bases de l’histoire sont vite posées : bien que trente ans plus tôt (environ), une grande victoire pour la résistance a été remportée avec la destruction de la seconde étoile noire, la guerre avec ce qui reste de l’empire n’est pas finie.
La résistance a beau être bien moins moribonde que lors du Retour du Jedi, l’empire est toujours présent et incarné maintenant par une organisation appelée le Nouvel Ordre.
C’est en vérité un tout petit peu plus complexe que ça mais le postulat de base est quand même très proche de celui de l’épisode 4, Un nouvel espoir, c’est d’ailleurs clairement assumé par J. J. Abrams, réalisateur de cet épisode 7.

Le but est clairement de se réapproprier les bases de la saga, pas juste par facilité mais pour en récupérer ce qui en fait la Force (oui j’ai osé). Il s’agit après tout du point de départ d’une nouvelle trilogie et c’est sans compter les spins-offs...
Le respect du matériel d’origine est là, un travail minutieux a été fourni pour que le spectateur replonge dans le même univers mais plusieurs décennies plus tard. Les clins d’œil à la première trilogie sont nombreux et respectent autant la saga créée que le fan.

Techniquement parlant, le film n’abuse pas des effets numériques, préférant notamment utiliser de nombreuses marionnettes comme dans la première trilogie.
De ce fait le Réveil de la Force est la preuve que le numérique ne fait pas tout, c’est un outil génial et on ne peut nier sa grande utilité dans le dernier Star Wars mais on ne ressentira jamais autant les choses qu’avec une base bien réelle comme une marionnette ou une maquette de vaisseau. Les effets numériques peuvent alors magnifier ces éléments matériels pour les rendre encore plus saisissants.

Pour résumer ma pensée et pour finir cette digression : les meilleurs mensonges reposent sur une base de vérité, du moins à mes yeux.

Donc pour en revenir à nos droïdes, le respect de l’œuvre originale est très présent, il ne s’agit pas simplement de classicisme, d’une copie scolaire et formatée que J. J. Abrams rendrait à son professeur aux oreilles légèrement décollées dans le but d’avoir une bonne note.
J’ai certes constaté dans ce dernier épisode de Star Wars la présence d’un cahier des charges mais j’ai surtout ressenti la vision d’un réalisateur passionné et respectueux.
Du même réalisateur je me rappelle avoir vu Super 8, c’était chouette mais il manquait quelque chose à mes yeux, peut-être un peu d’âme, il est possible qu’à trop vouloir ressembler à un film comme les Goonies, J. J. Abrams ait oublié de se lâcher.

Là, même si c’est moi qui manque de recul et même si le film répond à des contraintes scénaristiques certaines, je trouve qu’il y a ce petit quelque chose qui m’a fait accrocher. Je suis par exemple très sensible aux relations entre les personnages et dans le Réveil de la Force, j’ai trouvé qu’il y avait un véritable travail là-dessus.
Par exemple, quand deux personnages se retrouvent embarqués sur le même vaisseau, l’un aux commandes et l’autre au poste de tir, ces derniers n’hésitent pas à partager leur joie lors d’une manœuvre ou d’un tir réussi. Ça crie, ça hurle, ça se congratule, c’est communicatif !
Pareil, quand deux autres protagonistes se retrouvent dans l’urgence, là encore dans un vaisseau (en même temps c’est Star Wars...), ça se chamaille gentiment et ça se bouscule, presque comme des gamins en fait.
Je trouve que ça crée une alchimie efficace et très rapide entre les différents protagonistes. Pour le coup je ne peux pas m’empêcher de voir une grosse influence de Disney car la manière de gérer le nouveau tandem de héros me fait vachement penser à certains dessins animés de la firme. C’est très bon enfant mais ça permet vite de créer un lien entre les protagonistes, en tout cas ça a bien marché avec moi, je me suis beaucoup attaché aux nouveaux héros de cet épisode 7.

Ben oui car on a une nouvelle génération de héros, en fait on a deux nouveaux protagonistes principaux, un Stormtrooper déserteur (non c’est pas un clone et oui c’est expliqué), et une pilleuse d’épaves.
Ces deux jeunes gens sont terriblement attachants, il ne fallait pas se planter avec la relève des héros de l’ancienne génération et je trouve que le pari est remporté.
Cependant cela ne signifie pas que les héros d’hier soient éclipsés, bien au contraire.
L’ancienne génération est toujours là, elle a continué le combat et concrètement, on retrouvera dans l’épisode 7 la plupart de nos héros d’antan. Bien que tout ce petit monde ait bien vieilli, les anciens ne sont pas là que pour légitimer l’héritage de ce dernier film. Ils ont continué leur chemin pendant toutes ces années et ne font pas que de la figuration ou prendre en main les nouveaux personnages. Ces derniers sont donc intégrés parfaitement à l’univers Star Wars mais il est un peu tôt pour parler de passation de flambeau, à voir dans les épisodes suivants...

Oui car cet épisode 7 m’a scotché, j’ai attendu tranquillement le Réveil de la Force mais pour sa suite, je risque d’être un peu plus frénétique !

Même si le but de Disney est simplement de nous vendre du rêve, je pense que ce dernier film mérite son énorme succès.
La saga Star Wars est comme un conte de fées moderne. Depuis plus de trente ans, elle touche des générations de personnes sans distinctions d’âges ou de passions et peu d’autres œuvres peuvent s’en prévaloir ainsi. Ce septième épisode est bien parti pour relancer la machine à rêve pour de nombreuses années !

lundi 14 décembre 2015

Evil Heart


Bien que venant d'entrer au collège, Masaki est un garçon déjà marqué par la vie qui vit seul avec sa sœur ainée. Quelques années plus tôt, ce dernier, sa sœur et leur mère, ont dû subir la violence du grand -frère de Masaki. Par désespoir et pour protéger ses autres enfants, leur mère tente de tuer l’aîné de la famille en le poignardant. Aujourd'hui, la mère de Masaki est en prison et celui-ci ne redoute qu'une chose, c'est que son frère, toujours vivant, ne s'en prenne à elle le jour de sa libération. Au collège, Masaki va découvrir l'aïkido et verra dans cet art martial un moyen de défendre ses proches contre la violence de son frère. Cependant, Masaki, pour se protéger de cette violence excessive à laquelle il a été confronté, a lui-même développé un caractère d'une violence extrême, qui pourrait l'amener à suivre la même voie que son frere. Ce caractère qui domine sa vie, le freine dans son apprentissage de l'aïkido...

 Evil Heart est un manga en six volumes, cinq sont déjà sortis en France. Il s'agit d'un manga d'arts martiaux, mais il ne s'agit pas d'un enchaînement de combats dont le simple but est de devenir le plus fort. Pour Masaki, l'aïkido est un réapprentissage positif de la vie : gérer son propre comportement violent, se remettre en question, ou encore apprendre à comprendre les autres... La pratique de l'art martial dans Evil Heart s'intéresse autant – si ce n'est davantage – à l'individu qui pratique qu'à l'art pratiqué. Par sa pratique martiale, Masaki va se faire de nouvelles connaissances. On touche là à un autre point fort du manga : la sœur de Masaki, son professeur canadien d'aïkido, sa partenaire d'entrainement...
 L'entourage de Masaki joue un rôle très important dans la vie du jeune garçon. Les protagonistes du récit sont attachants et leur histoire fouillée. Bien que l'histoire soit centrée principalement sur notre jeune héros, on n'a pas pour autant l'impression que le monde tourne autour de lui. C'est un élément important, car une des thématiques du manga est l'ouverture du héros au monde qui l'entoure.
Le manga ne possède pas beaucoup de défauts : quelques situations extrêmes pour rythmer le récit que je ne trouve pas nécessaires, mais c'est tout. Cependant, comme je suis sous le charme, je manque peut-être d'objectivité.

 Pour l'aspect graphique, les dessins sont clairs, nets et généralement précis (certaines phases humoristiques manquent un peu de détails). On ressent bien les émotions des personnages et les cases où l'aïkido est à l'honneur sont compréhensibles et superbes à regarder. Je ne connais rien à l'aïkido mais en tant que pratiquant d'arts martiaux, Evil Heart m'a parlé. Je pense cependant que même sans pratiquer un art martial, les thèmes abordés par le manga peuvent toucher beaucoup de monde. Six volumes, cela peut faire craindre que la série ne soit trop courte, mais le récit est parfaitement maîtrisé et touchant. Cinq volumes bien faits peuvent parfois impliquer bien plus le lecteur qu'une trentaine de volumes d'une histoire qui s'étale un peu trop. C'est le cas d'Evil Heart, une série courte mais de qualité dont j'attends avec hâte le dernier volume.

mercredi 9 décembre 2015

Arrietty


Arrietty est une chapardeuse, une petite créature d'apparence humaine, mais d'une toute petite taille, à vue de nez, moins de 10 cm. Pour survenir à leurs besoins, les chapardeurs ne dérobe aux humains que de menues objets dont la disparition passera probablement inaperçue. Arrietty et ses parents ont élu domicile dans les sous-sols d'une vieille maison humaine, durant une expédition de chapardage, elle tombera nez à nez avec Shô, un jeune garçon ayant de graves problèmes cardiaques, qui, en l'attente d'une opération importante, est venu se reposer à la campagne afin de pouvoir rester au calme et ménager son cœur.

 Cela fait un moment que j'attendais Arrietty, les quelques images que j'avais vues du film ainsi que son contexte m'ayant fait forte impression. Si le film aborde une thématique, c'est bien celle du premier amour et de ce qu'il implique.
On ne sait pas à quel point les deux protagonistes sont attachés l'un à l'autre, on se doute bien qu'il y a au moins une ébauche de sentiments amoureux entre Arrietty et Shô, mais est-ce un attachement profond ou de l'amour? En fait ce n'est pas si important, ce qui l'est, c'est que grâce à cette relation, nos deux héros vont pour la première fois devoir s'ouvrir à une autre personne avec tout ce que cela implique d'évolution personnelle.

Dans Arrietty, la première fois est donc vectrice d'évolution personnelle et de passage à l'âge adulte. La narration dans Arrietty est calme et posée, pas de rebondissement inutile, pour autant, je n'ai pas vu le temps passer tant les événements importants sont bien amenés. L'histoire se déroule dans une maison à la campagne (ou une banlieue éloignée peut-être) et son rythme ne dément pas ce fait. D'une manière générale, Arrietty est sublime, les couleurs sont chatoyantes et l'univers (ou devrais-je dire, la maison et son jardin) est crédible et visiblement, mûrement réfléchi. Comme Arrietty est un tout petit être, la maison nous est souvent représentée depuis son point de vue, elle parait alors immense tout en étant pleine de détails. Ce soin des détails m'a donné l'impression que la maison était elle-même un personnage de l'histoire.

Je dois d'ailleurs dire que les bruitages sont sublimes et contribuent énormément à nous plonger dans l'ambiance : la lourdeur des gouttes d'eaux qui tombent, l'imposant bruissement des tissus, et d'une manière générale, tous les bruits d'une vieille maison amplifiés de manière magistrale et qui nous donnent l'impression d'être nous même de tout petits êtres. La musique, si elle est très bonne, en particulier les thèmes chantés, peut être amenée de façon un peu trop abrupte ; c'est d'ailleurs le seul bémol que j'ai à émettre sur ce film d'animation que j'ai adoré et qui m'a captivé.

mardi 1 décembre 2015

Treme


Treme nous propose de suivre le quotidien des habitants de la Nouvelle-Orléans post-Katrina, la série commence trois mois après l'ouragan. Inutile de s’attarder sur les ravages causés par le cataclysme, qui, on le sait, ont été terribles.
Une grande partie des habitants de la ville essaie tant bien que mal de retrouver sa vie d'avant, mais les difficultés sont nombreuses, surtout pour ceux de la classe populaires.
L’ouragan a redistribué les cartes mais comment ?
Les administrations sont dépassées et de toute manière pour les élites de la ville, Katrina semble être davantage une occasion qu'un désastre.


L'occasion de se débarrasser d'une population pauvre en grande partie afro américaine.
L’occasion d’effacer du paysage tous ces bars et clubs dont le bruit et les habitués empêchaient depuis si longtemps le changement de standing de certains quartiers.
L'occasion de s’approprier la ville au détriment de ceux qui y vivent, de son âme et de son histoire.


La série se concentre donc sur quelques habitants, tous ont subi les conséquences de l'ouragan ou y sont actuellement confrontés.
Musiciens, chef de cuisine, avocate, chef indien...
Un panel qui se veut représentatif des différentes classes sociales de la cité mais aussi de sa culture.

Treme veut autant nous faire découvrir les déboires des habitants de la Nouvelle-Orléans, que leur héritage culturel.
Pour ce faire, David Simon procède d'une manière différente que dans son autre série culte : The Wire.

Dans cette dernière, le scénariste procède à une critique sociale rigoureuse de Baltimore.
Dans cette description presque parfaite (la saison trois était un peu trop romancée), le quotidien des personnages de la série s’intègre parfaitement au récit. Leurs histoires sont passionnantes mais il faut absolument assimiler le fonctionnement de la ville.

Dans Treme, c'est le quotidien des personnage qui permet de comprendre la situation et la richesse culturelle de la ville. Un parti pris scénaristique totalement différent de celui de The Wire mais à l'objectif équivalent.

Le but était certainement de rendre la série plus accessible, et ça se tient. Faire une série qui s’étale sur plusieurs saisons si elle ne touche qu'un public de passionnés ou de critiques a un intérêt limité même si elle est diffusée sur HBO (chaîne dont l'audience d'une série n'est pas forcement le premier des critères). David Simon a donc probablement voulu rendre sa série plus accessible.

De mon point de vue de passionné, je suis un peu déçu, frustré que je suis de ne pas avoir mon second The Wire.
D'un autre coté, je comprends ce choix scénaristique et j'ai bien conscience que ce qui est un défaut pour moi, qui suis sensible au travail de l'auteur, ne le sera pas forcement pour quelqu'un d'autre.
J'ai ressenti la perte d'un effet dramatique qui aurait pu donner une grande force au récit.
Faire le choix de l’accessibilité est compréhensible mais on y perd en intensité de l'intrigue et même en émotions.

Pour autant, si on occulte le spectre de The Wire, Treme est une série formidable qui a ses qualités propres :déjà pour ce qui est de la critique de la gestion des conséquence de l'ouragan par les différentes administrations, le contrat est rempli et le constat est cinglant.
La découverte de la culture de la Nouvelle-Orléans est aussi une réussite. Les différentes scènes musicales de la ville sont représentées, avec une dominance de jazz, de musique cajun ou de fanfares.
La cuisine a elle aussi une place importante, on aime manger à la Nouvelle-Orléans et la série nous le fait savoir.
Pour ces deux arts, de nombreux artistes et chefs ont fait un passage dans la série pour y jouer leur propre rôle. Pour un connaisseur en jazz ou en cuisine, ça doit être un vrai plaisir j'imagine.

J'imagine car je n'y connais rien, que cela soit en musique ou en cuisine et je ne peux donc pas m'attarder sur ces deux domaines.
Par contre, tout néophyte que je suis, je peux dire que j'ai découvert et ressenti quelque chose de fort, surtout musicalement.
Je me suis retrouvé plongé dans cette atmosphère de fête. J'ai ressenti que pour les habitants de la ville, cela signifiait quelque chose.
Et j'en viens à d'autres grands événements qui rythment tous les ans et pendant plusieurs jours la vie de la cité : le mardi gras et son carnaval qui est à chaque édition un moment dont on nous fait ressentir l'importance, et cela avec beaucoup d’efficacité et d’intensité.

Enfin le dernier point fort de Treme c'est ses personnages : tous sont simplement et terriblement humains. Leur quotidien se veut un peu romancé mais juste ce qui est nécessaire pour attirer l'attention du téléspectateur (la happer aurais-je envie de dire).

Toutes ces raisons font que Treme est une grande série, une série dans l'ombre de The Wire, sa grande sœur, mais qui malgré tout possède ses qualités propres avec un propos et une histoire forte 


Je vous conseille fortement Treme : déjà pour son propos mais aussi car découvrir et s’attacher à une ville et ses habitants qui sont de l'autre coté de l'Océan, le tout devant votre écran ça vaut le coup d'essayer à mon avis !


vendredi 25 septembre 2015

Autoportrait de l'auteur en coureur de fond


Dans ce livre, Murakami nous parle de sa passion pour la course à pied. Qu'est-ce que peut bien lui apporter cette pratique au point d’en écrire un livre ? Il y a, bien sûr, les bienfaits physiques qu’amène une telle activité, mais de là à écrire un bouquin dessus ?

Mais dans ce livre, on apprend que Murakami a changé drastiquement de rythme de vie : lui qui était couche-tard et grand fumeur se met à dormir tôt, se lève aux aurores et arrête complètement la cigarette. Un changement de rythme de vie radical, une nécessité aux yeux de l'auteur s'il veut être capable d’enchaîner les kilomètres. Car oui, la course à pied est un sport très exigeant qui demande beaucoup d'efforts et cela, d'une manière constante.

Pour ce qui est de la constance, Murakami nous détaille bien le côté drastique de son mode de vie.
Quant à l'effort, l'auteur est doué pour nous faire comprendre en quoi une crampe au mollet est un redoutable adversaire !

N’empêche qu'on peut se demander ce que peut apporter ce goût de l'effort. C'est justement sur cela que s’attarde le livre : les bienfaits tirés de la pratique de la course à pied, en tant qu'individu, mais surtout en tant qu'auteur. On en revient donc finalement au titre du livre.

Dans ce livre il s'agit de comprendre en quoi chez Murakami écriture et course sont intimement liées. Un lien qui peut sembler étrange, car les 2 disciplines semblent à priori très différentes. Cependant, l'auteur, avec son écriture claire et précise, arrive à nous montrer en quoi les deux disciplines peuvent être bénéfiques l'une à l'autre, effort de création et exercices physiques réguliers pouvant être intimement liés.

Si on s’attarde sur la création, on peut remarquer que Murakami met parfois un peu de lui dans ses personnages :
le héros de la « Course du mouton sauvage » a ainsi un mode de vie très dissolu avec notamment une grosse consommation de cigarette et d'alcool.

Tout le contraire du héros de « Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil » qui, lui, a une vie bien ordonnée, saine, et court régulièrement.
La raison de la différence entre ces deux protagonistes, c'est simplement à quelle période de la vie de Murakami les deux livres respectifs ont été créés. Le premier des deux romans ayant été écrits avant que l'auteur change de rythme de vie (ce qu'il fit vers ses 30 ans).

Si on peut tout à fait s’intéresser au côté purement sportif du livre, on peut aussi, pour peu que l'on aime l'auteur, y trouver un grand intérêt. Le sujet peut sembler rébarbatif à ceux qui ont la course à pied en horreur, mais le livre n'est pas un pavé et il se lit vite,
Je vous le recommande vivement !